dimanche 21 février 2010

Ainsi soit il mon frère

Ainsi soit-il mon frère

Je vous écris ceci d’un lieu maudit de France
Où pour avoir pensé trois mille vaudois sont morts.
Au pied du Luberon, au bord de la Durance,
Pour les mêmes raisons, aujourd’hui : même sort.
Ainsi soit-il mon frère,
Aujourd’hui c’est hier

Je sais, je perds mon temps derrière mon ciel de lit.
Je tir’, je tir’ des plans, des plans sur la comète
Quand d’autres passent leur vie le doigt sur la gâchette,
Ils tuent même les colombes; ils saccagent leurs nids
Ainsi soit-il mon frère
Aujourd’hui c’est hier

A tous les kamikazes s’ils sont dans l’au-delà,
Je leur dis c’était con, j’ajoute pour les autres :
Con dans toutes les langues et aussi dans la vôtre,
L’histoire n’a pas fini de repasser les plats.
Ainsi soit-il mon frère
Aujourd’hui c’est hier

Dépêchez vous de croire, dites des patenôtres
Car la tribu des uns va décimer les autres
Mais la prière de Pierre contredit celle de Pol
Si j’étais l’ Père Noël, j’en aurais ras le bol.
Ainsi soit-il mon frère
Aujourd’hui c’est hier

J’vois brûler les torchères d’un repaire de pirates
Ils ont pignon sur rue, col et cravate aussi.
Pendant qu’vous travaillez, ne dit’ pas qu’j’vous épate,
Blanchi par ci par là, leur argent fait des p’tits.
Ainsi soit-il mon frère
Aujourd’hui c’est hier


Quand on n’ peut pas agir mon frère on d’vient malade,
Moi je caresse les mots derrière mon ciel de lit,
Comme on prendrait la fuite comme une dérobade,
Pourtant j’espérais mieux, c’est que l’homme est ainsi.
C’est que l’homme est ainsi

samedi 6 février 2010

L'écrivain

L’écrivain

Quand ils ont quelque chose à dire
Ils vienn’ le dire à l’écrivain.
A l’écrivain qui peut l’écrire,
A l’écrivain qui l’écrit bien.
Tous les oubliés d’ l’alphabet
L’ont toujours ap’plé Beaumarchais
Ils lui confient amour, chagrin,
Secret, bonheur ou tracassin.

Beaumarchais on lui rend visite
Au bistrot les jours de marché
Il écoute ce que vous dites
En buvant buvant son café

Quand ils reçoivent des nouvell’
Les oubliés de l’alphabet
Pour savoir si la vie est belle
Vienn’ le d’mander à Beaumarchais.
Alors Beaumarchais lit la lettre,
Il y met plein de sentiments
Et beaucoup d’espoir à peut-être,
Il aide à vivre le présent

Beaumarchais on lui rend visite
Au bistrot les jours de marché
Il écoute ce que vous dites
En buvant buvant son café

Un oublié de l’alphabet
Qui parle la langue des signes
Fait un bras d’honneur à sa guigne
Il dit les sourds n’sont pas muets
Beaumarchais vient de lui sourire
Puis il fignole un faire-part
Il vient d’le traduir’ du sabir
Pour ce drôle de zigomar.

Tous les oubliés d’ l’alphabet
L’ont toujours ap’plé Beaumarchais
Ils lui confient amour, chagrin,
Secret, bonheur ou tracassin.