samedi 21 août 2010

Je vis en clandestin

Je vis en clandestin

Je vis en clandestin avec mon garde-fou
Trafiquant de chimères de châteaux en Espagne
J’accroche mes certitudes à des mâts de cocagne
Avec le tout dernier de mes quatre cents coups

Je vis en clandestin j’brule mon bois de rallonge
Et sous mon ciel de traine je pense un jour sur deux
Dans chaque vérité j’trouve une part de mensonge
Y aurait-il un pacte entre l’diable et l’bon dieu

Je vis en clandestin j’viens d’déposer au clou
Cette corne de brume cet avis de tempête
J’entends l’tonnerre de Brest le rire de la mouette
Je finis ma bolée avec mon garde-fou

Je vis en clandestin clandestin en moi-même
J’ connais tant de prières qui veulent monter aux cieux
J’ connais des blues si beaux Quand ils pleurent près d’ Harlem
Le diable et le bon dieu viennent pleurer avec eux

lundi 16 août 2010

Apprivoisez le temps

Apprivoisez le temps

Trouvez le merveilleux au cœur des petits riens
Dans ce mot murmuré dans ce regard complice
Dans les quelques secrets d’une boîte à malices
Et dans la connivence de ce sourire en coin

Au p’tit bonheur la chance apprivoisez le temps
Avec un pied dehors avec un pied dedans

Montez ce cheval fou pour traverser la plaine
Vous pouvez lâchez bride il connaît le chemin
Vous êtes son Hidalgo voyez il vous emmène
Vers les premiers moulins vers les premiers moulins

Au p’tit bonheur la chance apprivoisez le temps
Avec un pied dehors avec un pied dedans

Redevenez l’enfant l’enfant que vous étiez
Troquez un soldat d’plomb contre une pipe en terre
C’était au temps d’hier c’était le temps d’hier
Y avait Thierry la fronde le soir à la télé

Au p’tit bonheur la chance apprivoisez le temps
Avec un pied dehors avec un pied dedans

Ecoutez la chevêche ameuter le quartier
Ecoutez la fauvette le coucou maille maille
Connaissez-vous ces fleurs le poivre des murailles
La dame de onze heures et la reine des prés

Au p’tit bonheur la chance apprivoisez le temps
Avec un pied dehors avec un pied dedans

Sur l'île de déraison

Sur l’île de la déraison

Sur l’île de la déraison
Quand on débarque à marée basse
On lit sur une calebasse
La manigance est ma raison
On comprend où l’on met les pieds
Mieux vaut ne pas trop s’attarder

A Déraison c’est la chienlit

Il a manœuvré sa galère
Du Grand Sud au Septentrion
Cette lum’rote est son repère
Il est pirate à Déraison
Quand ça dérouille y a pas photo
Il t’envoie faire un trou dans l’eau

A Déraison c’est la chienlit

Faux monnayeur des grosses coupures
Il est l’parrain des maffiosi
Smith et Wesson à la ceinture
Et l’regard urbi et orbi
Ici pour manque à l’omerta
Tu prends une bouffée d’au delà

A Déraison c’est la chienlit

Entre le ciel et terre promise
Sur son bonhomme de chemin d’croix
Celui-là ressemble à Moïse
A Déraison que fait-il là
Il récite des Notre Père
Ce sont sans doute des prières

A Déraison c’est la chienlit

Seul un quidam en Déraison
Ecoute le chant des sirènes
Perché sur un mât de misaine
Il tangue avec ses illusions
Naïf il chante il improvise
Sur le temps le temps des cerises

Naïf il chante il improvise
Sur le temps le temps des cerises

mercredi 11 août 2010

Dans l'écorce d'un chêne

Dans l’écorce d’un chêne

Dans l’écorce d’un chêne il a gravé deux lettres
Avec un cœur autour C’était à joli bois
Demain après demain il reviendra peut-être
Mais demain si ça tombe il ne reviendra pas

Un Romeo d’banlieue avait aimé Juliette
C’était à joli bois

Deux lettres restent gravées à la barbe du temps
La mousse a recouvert le cœur que l’on devine
Bien que l’oubli s’acharne on s’obstine on s’obstine
A graver ses empreintes sur des sables mouvants

Un Romeo d’banlieue avait aimé Juliette
C’était à joli bois

Un prom’neur du dimanche s’arrête près du chêne
Avec son Laguillole d’emblée il coupe à cœur
Il bazarde la mousse le printemps qui s’ promène
Dit ce cœur a vingt ans près d’un roncier en fleurs

Un Romeo d’banlieue avait aimé Juliette
C’était à joli bois

Tout ce que tu racontes ne m’intéresse guère
Je n’ai pas d’Laguillole mais j’ai un cran d’arrêt
Je snif je pique je tag j’ai le cœur en jachère
Je crèche avec une garce elle prétend qu’je lui plait

dimanche 1 août 2010

On inaugure la tête d'Untel

On inaugure la tête d’Untel

C’est aujourd’hui qu’on inaugure
La têt’ d’Untel,cette vieille ordure,
Un maffioso des maffiosi
Répète le chauffeur de taxi
Planque toi conard car moi je bosse,
D’un député dans son carrosse,
Je n’en n’ai rien rien à cirer.
La radio chante Rio Grande

On inaugure la tête d’Untel
La tête d’un politichinelle

Sous les flashes des journalistes
On dévoile la tête d’Untel
Ordures s’écrient des anarchistes !
L’hommage s’impose en décibels.
Untel était ceci cela,
Au rendez-vous d’ l’hypocrisie,
On a fignolé les copies
Multimedia multimedia.

On inaugure la tête d’Untel
La tête d’un politichinelle

Sa têt’ n’est pas très ressemblante,
Moi je ne le reconnais pas.
Son sculpteur avait la tremblante !
Mais qui donc est donc celui-là ?
C’t’un’tête de turc dit mon voisin !
On entend murmurer la foule,
Quelques ministr’queue d’pie, pied d’poule,
Disent c’est un coup d’Arsène Lupin.

C’t’un’tête de turc c’n’est pas Untel
C’t’un’tête de turc c’n’est pas Untel

Ce rendez-vous d’l’hypocrisie,
A tourné en eau de boudin.
Cett’tête de turc dit une chipie
Offre un’ morale aux turlupins :
Il suffit d’un morceau de toile,
Pour cacher ce qui est en d’sous.
Mais c’est quand on enlève le voile,
Qu’on voit enfin qui est d’vant vous.